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À PROPOS DE CARICATURES


Une petite polémique typiquement parisienne a vu le jour dans la presse parisienne à propos de propos soi-disant hors propos d’un humoriste, évidemment parisien, sévissant à France Inter et concernant le ministre de la carte d’identité nationale que vous êtes priés de porter toujours sur vous, surtout si votre faciès n’est pas immédiatement perceptible comme étant pur jus de souche. Ne croyez surtout pas, chère consoeur ou cher confrère de la FECO, donc a priori dessinatrice ou dessinateur de votre état, que je suis en train de tout mélanger et lisez donc plutôt ce qu’écrivit le président de Radio France dans la page Débats du Monde daté du 2 avril.
Fervent adepte du principe qui nous guide tous, il est évident que je crois dur comme fer que l’humour n’a pas de frontières et j’ai donc écrit le commentaire qui suit le texte de Monsieur Jean Luc Hees.
Cependant, et puisque ce site est un site de dessinateurs s’adressant à des dessinateurs, les commentaires dessinés à traits tirés sont les bienvenus, surtout si très caricaturaux et pas politiquement corrects du tout.

Brito
Vice-président de la FECO

HUMOUR SANS FRONTIÈRES

On ne doit pas beaucoup s’amuser dans le bac à sable du Président de Radio France. En effet, après avoir présenté ses excuses auprès de Monsieur Éric Besson pour le crime de lèse ministre de la part d’un humoriste de France Inter, Stéphane Guillon pour le nommer, Monsieur Jean Luc Hees a écrit au Monde pour faire état de ses états d’âme en ce qui concerne les us et abus de l’humour non seulement dans notre radio nationale, mais aussi dans tout le territoire de la République.
C’est que l’humour est devenue chose extrêmement sérieuse en ces temps où les grands de ce monde, accaparés qu’ils sont par une crise dont on ne voit pas venir la fin, se trouvent dangereusement fragilisés face à des énergumènes hilares qui leur lancent des piques sans arrêt. De ce fait, ces irresponsables les détournent de leur dur labeur dont l’objectif prioritaire est de rétablir les grands équilibres de la nation et poussent même l’outrance jusqu’à se permettre de les attaquer sur leur apparence physique. Ainsi « les yeux de fouine d’Éric Besson, et son menton fuyant » prennent le pas sur le personnage lui-même qui, comme chacun sait, est un modèle de droiture et probité républicaine qui ne saurait subir la moindre tache sur la blancheur de son honneur. Et comme si cela n’était pas suffisant pour essayer de mettre au pas l’affreux qui a dépassé la ligne blanche, voilà que Monsieur Jean Luc Hees cite les « nez et doigts crochus » de triste mémoire, mélangeant ainsi dans le chaudron du « politiquement correct » les torchons et les serviettes avec une désinvolture qui frise la facilité de bas étage.
Pas question donc, selon Monsieur Jean Luc Hees de s’attaquer « au faciès » de la gent politique. De là à déduire qu’on essaie de tuer définitivement une profession qui se porte déjà très mal, celle de caricaturiste, loin de moi telle insinuation. En effet, quoi de plus facile que de caricaturer un Arafat avec un petit nez droit, ou un Obama avec des oreilles collées au crâne, ou un Sarkozy avec 1 m 80, ou un Philippe Val avec une tête sympathique et avenante, ou une Martine Aubry souriante et élancée ? Bref, selon la logique de Monsieur Jean Luc Hees, le caricaturiste sérieux, et donc digne de ce nom, devrait présenter ses plus plates excuses à un George W. Bush chaque fois qu’il le dessinerait avec un sourire d’imbécile et des yeux de fouine, ou à un Tony Blair chaque que fois qu’il le croquerait avec, comble du mauvais goût, un blair à la Pinocchio et des yeux de fouine. Je me marre.
Monsieur Jean Luc Hees va même jusqu’à déterrer Lenny Bruce et Desproges, qui ne peuvent plus se défendre, et cite Guy Bedos, « par hasard » précise-t-il, les appelant à sa rescousse : l’un comme témoin de son esprit profondément épris de liberté et les autres comme dignes représentants d’un humour à la « violence » acceptable, contrairement aux peu fréquentables trublions qui, de nos jours, salissent la corporation avec leur non respectabilité. Comme si l’irrévérence n’était depuis toujours le propre de l’humoriste empêcheur de tourner en rond. Au fait, il a dû oublier Coluche au passage ou alors craint-il de voir l’ombre maléfique de celui-ci venir polluer son sommeil avec d’horribles cauchemars vraiment pas drôles du tout.
Cela étant dit, je prie Monsieur Jean Luc Hees de ne pas m’excuser du fait de ne pas voir les têtes qui m’entourent, et surtout celles qui nous gouvernent, avec ses yeux. En effet, et cela au risque de lui déplaire, je garderai jalousement les miens, myopes, astigmates et presbytes. Ce qui ne porte pas à conséquence puisque je ne dessine pas dans la radio que Monsieur Jean Luc Hees préside.

Brito
Dessinateur de presse

 

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